mardi 23 février 2010

St Germain sur Ay

Et dire que je me croyais immunisé contre les grands fléaux que sont la grippe saisonnière, et plus récemment la grippe porcine, plus communément appelée grippe A (H1 N1)
Las, la semaine dernière, la grippe, ou quelque chose de similaire est venue me prendre par surprise et je me suis retrouvé terrassé, foudroyé, fauché en plein vol.
Je vous en ai rendu compte dans mon dernier billet.
Après cet épisode, une réflexion me vient : que penser de ces vaccins qui apparemment ne servent à rien, sinon à creuser encore plus le trou de la sécurité sociale ?. J’en parlerai à Roselyne.
Mais bon, j’ai survécu. J’ai même retrouvé mes esprits (du moins, je l’espère) et la fièvre n’étant plus qu’un mauvais souvenir, je suis de nouveau parmi vous afin de partager ensemble les impressions et les émotions.
Il est vrai qu’après avoir frôlé la mort (rien que ça, hum, tu ne pousserais pas le bouchon un peu loin ? ), quoi de plus beau que de reprendre son sac à dos et de partir sur les routes et les chemins sans autre but que de marcher, d'apprécier, les pays traversés, de rencontrer au hasard des étapes les gens du cru et de se découvrir soi-même dans l'effort de chaque randonnée ?
Ce mardi, nous sommes soixante dix sur le parking de la Mairie de St Germain sur Ay, tous prêts pour une nouvelle aventure.
L’aventure, on peut en parler. Elle démarre dès à présent, ici, sur la place, car après avoir enfilé mes chaussures de marche, c’est à ce moment que se pose un cruel dilemme.
En effet, mon entourage m’affirme qu’il serait préférable de chausser des bottes.
Aïe la Mama ! Certes, précautionneux comme pas un, je les ai dans le coffre de ma voiture, mais je n’aime pas randonner avec ce grotesque harnachement, qui ne peut que me faire paraître dépourvu d’entregent.
Ah ! que le monde est cruel. Le ferai-je ? Ne le ferai-je pas ?. Allez, la raison l’emporte et je finis par céder au chant des sirènes.
Est-ce bien raisonnable d’écouter les sirènes, quand on sait que par leurs voix charmeuses, ces créatures envoûtaient les marins provoquant le naufrage de leurs navires ?.
Tant pis, le sort en est jeté !
Se déchausser, se rechausser, n’est-ce pas déjà faire un peu de sport.
Parlez en à mes lombaires. Ce sont elles qui apprécient le plus. Sacrées lombaires, jamais contentes, non plus, celles-là ?
Pour le meilleur, et le pire, me voilà donc botté, comme le célèbre chat de Charles Perrault..
Qui plus est, comme lui, pourvu de bottes de sept lieues, ce qui pour un randonneur, n’est pas si mal.
Je suis enfin paré.

Nous sommes tous fin prêts.
Comme d’habitude, sécurité oblige, notre Président fait son petit speech, et comme d’habitude, je n’entends rien, rapport à des oreilles pour le moins paresseuses, et c’est un euphémisme de le dire ainsi.

Pour reprendre une parodie d’un certain OUVRARD
C’est pas rigolo. Entre nous
Je suis d’une santé précaire
Et je m'fais un mauvais sang fou
J'ai beau vouloir me remonter
Je souffre de tous les côtés
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant.

Patraque ou pas, nous voilà enfin partis. Paulette et Jean-François sont aux commandes.
Le départ me semble rapide.

Séquelles de ma semaine infectieuse, effet des bottes qui apparemment ne sont pas de « sept lieues », ou ces deux causes réunies, toujours est-il que j’ai du mal a suivre. J’ai le souffle court. Les jambes sont cotonneuses.
Mais qu’est-ce qui leur prend d’aller si vite ? C’est un marathon ou quoi ?
A peine le temps de glaner une photo de ci , de là, et déjà le groupe s’échappe.
Heureusement, Ange est là, et comme tout ange qui se respecte, il ne me laisse pas tomber.
Il faut s’accrocher pour ne pas paraître ridicule. J’en connais des drôles et des drôlesses qui ne manqueraient pas de m’affliger de leurs sarcasmes. Il est vrai que je leur rends bien, à l’occasion..
Tiens, l’allure se ralentit. Nous voilà arrivés dans le marais. Je regagne du terrain sur mes devanciers qui semblent soudain dans la gêne..
Diantre, comme soudain, il est doux le chant des sirènes.
Elles n’avaient donc pas proféré de sottises.
Et comme elles paraissent bien confortables ces bottes tant exécrées quelques minutes auparavant. Je vois maintenant les randonneurs qui n’en sont pas munis zigzaguer, cherchant désespérément un coin de terrain solide.
Les chaussures s’enfoncent inexorablement dans la gadouille.

Fier comme Artaban, droit dans mes bottes, je double tous ces besogneux qui n’ont pas eu la sagesse de s’équiper convenablement.
Ah sacrebleu, il faut parfois écouter les bons conseils, et sans rire, c’est moi qui vous le dis.
Justement, à mes côtés, j’aperçois Christian qui fait le grand écart, pour éviter de s’enfoncer dans la fange. Raté.

Le marais regorge d’eau. La mer, la pluie des derniers jours, le passage incessant des moutons ont rendu le sol spongieux.
Les moutons, parlons en !

En voilà un, justement qui me suit depuis un bon moment. C’est Ange qui me le fait remarquer. J’attends. Il arrive vers moi.
J’ai soudain une sensation étrange. Bizarre, comme c’est bizarre. Vous avez dit bizarre ?
Pourquoi me suit-il ainsi ? Je n’y crois pas, mais cependant, je me prends à rêver à toutes ces histoires de réincarnation entendues parfois.
Tiens, ma foi, et si c’était une ancienne fiancée délaissée qui se serait réincarnée en mouton pour mieux me surveiller.

Troublé, j’attends, et à son approche je lui tends les bras, mais soudain la bête détale sur le côté. Encore un mystère ?
Je ne le percerai pas aujourd’hui. En tout cas, je ne sais pas si j’oserai encore manger du mouton.
Je vous l’ai dit, la vie est vraiment dure.
Au bout du marais, nous, nous arrêtons. La petite fille à Thérèse a rempli ses chaussures. Il faut essorer les chaussettes.

Romain, son petit fils a chuté dans la boue, et il est crotté de la tête aux pieds.
La douche et le lave-linge seront mis à contribution ce soir.

Pour la propreté, ce sera sans doute bien, mais sur un plan écologique beaucoup moins. Mais bon, la planète survivra peut-être encore un peu, et puis nous ne le dirons pas à Monsieur Borloo.
Nous voilà maintenant arrivés dans la forêt de Saint Germain, magnifique forêt aux larges allées, entourées d’arbres aux mille essences qui doivent embaumer, l'été venu.
Conséquence des intempéries de Janvier, ça, et là, des branches gisent au sol. Le givre, et le poids de la neige, ont exercé leur travail de sape, mais en définitive rien d’irréversible.
Nous devons contourner quelques passages noyés d’eau, mais contrairement au marais, le sol est dur.
Nous approchons de la fin de notre périple, et jusqu’alors le ciel s’est montré très clément, mais à l’horizon le ciel commence à s’obscurcir.
Oiseau de mauvais augure, le Président prédit la pluie.

C’est alors que nos guides projettent de rallonger le circuit d’un kilomètre supplémentaire pour longer un lac.
Arrivés près du parking où sont rangées nos voitures, le groupe se disloque, une vingtaine de participants préférant en rester là.
Je tergiverse, et finalement, j’écoute à nouveau le chant des sirènes. Ne m’a t-il pas été favorable jusqu’à présent ?
Nous marchons donc vers ce fameux lac, cette ultime étape proposée, et c’est alors que les premières gouttes se mettent à tomber.

Daniel avait donc raison, et moi tort d’écouter les sirènes qui une première fois m’ont mises en confiance, pour mieux me perdre ensuite.
La pluie redouble d’intensité, mon parapluie, sorti à la hâte, se retourne comme une crêpe.
Nous parcourons les derniers mètres au trot.

Me voilà revenu à la voiture. Ma moitié beaucoup plus sage que moi s’y trouve depuis longtemps et à donc échappé au déluge. Je me présente à elle trempé et prêt pour une "rechute".
D’ailleurs, cette verve soudaine, et intarissable ne serait-elle pas le signe d’un délire dû à un nouvel accès de fièvre.

Je crois sage d’arrêter là mon babillage, l’urgence étant maintenant de vérifier ma température.
Peut-être à mardi !
André

P.S. :
Je ne résiste pas à vous livrer une réflexion du Dalaï Lama.
Comme on lui demandait
"Qu'est ce qui vous surprend le plus dans l'humanité ? "

Il a répondu :
"Les hommes ... parce qu'ils perdent la santé pour accumuler de l'argent, ensuite ils perdent de l'argent pour retrouver la santé, .Et à penser anxieusement au futur, ils oublient le présent de telle sorte qu'ils finissent par ne vivre ni le présent ni le futur Ils vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu.
Vivez!"

Personnellement, je trouve que cette réponse est pleine de sagesse.
A méditer !

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